Histoire de la commune - Mairie Aux Marais

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Histoire de la commune de Aux Marais

Le "HAUT MARAIS"

AUX MARAIS – Altum Mariscum v.1230 – cn de Beauvais (S.O). La graphie actuelle, qui s’est développée dès la fin du XVème siècle, est fautive. Elle occulte la signification du toponyme, ainsi que l’a montré E. Lambert. Il s’agit en réalité du « Haut Marais », appellation en accord avec la topographie des lieux : la localité (alt. 100m) est construite sur un sol imperméable, marécageux et surélevé par rapport à la vallée toute proche de l’Avelon (alt. 70m).

Nous avons donc l’adjectif « haut » (du latin ‘altus’) en composition avec le nom commun « marais » (du germanique ‘marisk’), passé en roman a abouti à mareis (XIIème siècle), ‘maresc’, ‘mares’, et au français ‘marais’.

[Source : Les Noms des Communes du département de l’Oise, Maurice LEBÈGUE, Collection de la Société de Linguistique Picarde (Tome XXVIII), 1994]

De nombreuses orthographes à travers le temps

Jusqu'en 1954, Aux Marais était un hameau de Saint-Martin-le-Nœud. De 1214 à 1954, son nom a été orthographié de diverses façons au cours des siècles.

Les premières traces de Aux Marais dans l’Histoire

«Aumarest» formait un fief considérable d’où relevaient 77 arrière-fiefs, qui donna son nom à une famille éteinte, dont les armes étaient d’or à un orle de six merlettes. Jean de Alto Marisco est mentionné dans les tîtres de Saint-Lazare en 1257 et 1272 ; il s’allia à la maison de Méru, branche de celle de Nanteuil.

La terre d’Aumarest était possédée au XVIème siècle par la maison de Mailli, avec Tillard et Silly qui n’en furent jamais séparés. Robert de Mailli, tué au siège de Pavie en 1524, y commandait la légion de Picardie.

Jean de Mailli dit «le boîteux», son fils, fut gouverneur de Doullens. Cette famille s’éteignit sous Louis XIV. Les terres furent acquises en 1670 par le Duc de Noailles. Le château détruit sous la ligue, était situé au lieu-dit nommé La Motte, entre Aumarest et la rivière Avelon.

Il y a près du « four à chaux », sur le coteau «Saint-Jean», un ancien cimetière contenant quantité de sarcophages avec des antiquités romaines. La mare Tacon était un fief ressortissant à la prévoté d’Angy touchant au bois de Belloy. Il n’y reste aucune construction depuis deux cents ans.

Sur le coteau, au nord du bois-Lagrange qui en a retenu le nom, se trouvait une ferme appartenant à l’abbaye de Saint-Symphorien. Elle fut détruite pour cause de ruine imminente, par sentence rendue au bailliage de Beauvais, le 23 novembre 1702. D’autres constructions furent rasées sous la ligue, près du bois du Mont et à la pointe Sainte-Claire, au-dessus de l’église.

La section d’«Aumarest» est traversée par la route impériale d’Evreux à Breteuil. Elle possède une «maison d’école», une place arborée, un cimetière contigu à l’église, entouré de haies vives. On y voit une croix en pierre de l’époque de la renaissance.

Un hameau de Saint-Martin-le-Nœud jusqu’en 1954

À la fin du XVIllème siècle, le hameau situé à 158 mètres de l’église comptait 70 maisons disposées en une large rue principale avec un écart de quelques feux, surnommé le Château Bleu vers le bois de Belloy.

Le hameau de Aux Marais avait son école, ses pompiers avec une pompe à incendie (1842) et sa place publique. Cependant, l’église avec son corbillard (1884) et le cimetière étaient commun à Saint-Martin-le-Nœud ainsi que le monument aux morts. Les désaccords étaient fréquents entre les deux entités. Par exemple, la construction du mur du cimetière aurait attendu une centaine d’années entre la prise de position, les délibérations et la réalisation de celui-ci.

Une forte volonté de se séparer
de Saint-Martin-le-Nœud

Les préparatifs en vue de la séparation de Saint-Martin-le-Nœud et de Aux-Marais commencèrent en juillet 1833. Des lettres envoyées par une commission syndicale de la section du Marais, à Monsieur le Préfet, Monseigneur l’Evêque de Beauvais, Noyon et Senlis et par la suite aux membres du Conseil Général en témoignèrent.

Pourquoi cette volonté de se séparer ? La commune de Saint-Martin-le-Nœud se composait de deux hameaux principaux (Aux-Marais et Sénéfontaine), gérés par un conseil municipal comprenant onze membres (six dans le hameau qui avait la plus forte population et cinq dans l’autre). Dans le comptage des habitants, curieusement on obtenait plus d’âmes sur Sénéfontaine et Flambermont que sur Aux Marais. A l’élection du maire, Sénéfontaine disposait d’une voix supplémentaire pour le choisir parmi les siens. Lorsque l’on consulte les recensements, ils étaient presque identiques dans chaque hameau à une ou deux âmes près. Il est même arrivé que le décompte soit falsifié pour que le nombre de conseillers de Aux Marais soit minoritaire.

De 1833 à 1945, de multiples délibérations sur la demande de «divorce» des deux communautés ont eu lieu. Entre 1839 et 1843, les demandes de partage sont restées sans suite. En 1852, Saint-Martin-le-Noeud a délibéré sur la question du partage. Puis, jusqu’en 1885, divers tableaux d’assemblage pour chaque hameau ont été faits et d’autres délibérations en vue du partage ont été prises.

Il faudra attendre 1945 pour que Aux Marais et Sénéfontaine se mettent enfin d’accord pour effectuer une pétition en vue d’obtenir la séparation de Saint-Martin-le-Nœud en deux communes autonomes. A l’époque, dans un courrier adressé au Préfet, la population du hameau arguait qu’il « est de notoriété publique que la vie de la commune entre Sénéfontaine (principal hameau de Saint-Martin-le-Nœud) et Aux-Marais est devenue impossible (…) Des désordres récents et les séances du conseil qui ont eu lieu lors de la plantation des arbres de la liberté, l’attestent » Ces arbres sont l’une des multiples péripéties qui n’ont cessé d’opposer les deux hameaux.  

Les relations avec Saint-Martin-le-Nœud, siège de l’administration municipale, laissaient trop à désirer. Lorsqu’un administré de Aux Marais se rendait à la mairie il perdait un temps précieux et passait pour un « étranger ». A l’époque, les habitants des deux localités avaient presque tous des liens de parenté. Les querelles frivoles, les animosités allaient ainsi se perpétuer tout au long du XIXème siècle. M. Fernand Petit, ancien maire (1971 – 1977), disait que « quand on allait là-bas, on faisait un peu figure de mendiant, on ne se sentait pas chez nous.»

Pourtant, Aux Marais avait toujours fait valoir ses atouts de prospérité : bâtiments communaux, ressources et population suffisantes. En 1853, on s’étonnait qu’un seul membre du hameau siégeait au conseil municipal alors que Aux-Marais représentait les deux cinquièmes de la population de la commune et apportait les trois cinquièmes des revenus dans la caisse. Par exemple, pour 2 000 F de prestations annuelles, le hameau ne recevait que 300 F.

En 1883, le projet de séparation semblait être sur le point de se résoudre. A l’évêque, il avait été expliqué que « la séparation serait un avantage sur le plan religieux » dans la mesure où l’église reviendrait à Aux-Marais vu son emplacement territorial. « Ainsi, l’église ne serait plus un sujet de discorde ». L’argument était astucieux mais, rien n’y fit. Le dossier est mis en sommeil jusqu’aux environs de 1937.

Il faudra encore dix-sept années de patience pour que Aux Marais devienne une commune à part entière. L’influence de M. Désiré Ringot, qui habitait ce hameau et exerçait à la préfecture, sera décisive, bien que les oppositions à la séparation étaient encore vives. Saint-Martin-le-Nœud ne voulait pas perdre un hameau qui l’enrichit, tandis que plusieurs agriculteurs de Aux-Marais s’inquiétaient du devenir des terres qu’ils cultivaient au-delà de la limite prévue par le futur cadastre.

La réunion décisive

A la suite des élections municipales de 1945, chaque section de la commune peuvent prétendre à six conseillers municipaux chacune. Au moment de l’élection du maire, les conseillers de la section de Aux Marais groupèrent leurs suffrages sur le nom de M. Ringot qui obtenait six voix au premier tour. Les conseillers de Sénéfontaine-Flambermont réunirent cinq voix sur le nom de M. Bizet. Un bulletin nul ou blanc ramenait les suffrages exprimés à onze et la majorité absolue à six. M. Ringot fut élu maire au premier tour. C’était la première fois qu’un maire de la section de Aux Marais était élu.

S’en est suivie une démission collective des conseillers de Sénéfontaine basée sur trois motifs : le maire est toujours choisi parmi des conseillers de Sénéfontaine, la section de Sénéfontaine compte vingt-huit électeurs de plus que celle de Aux Marais et la majorité de six voix sur douze votants est insuffisante pour assurer la direction d’une commune divisée en deux sections. Le Préfet de l’époque répondit que les motifs invoqués n’étaient pas valables, qu’il fallait voir par cette démission collective la manifestation de la « mauvaise humeur » des conseillers qui escomptaient que le maire serait choisi parmi l’un des leurs.

Après plusieurs délibérations de 1948 à 1953, la séparation fut acceptée par le Préfet. Le partage des terres a été à peu près équitable en reprenant la base proposée en 1885. Aux Marais s’est vu attribuer l’église et sa gestion. Le monument aux morts et le cimetière restent en indivision.

 

L'acte officiel de la séparation

Le Préfet Moatti a signé l’arrêté du 9 janvier 1954 qui créa officiellement Aux Marais, la 699ème commune du département de l’Oise à compter du 15 janvier de la même année. Dès le lendemain, « l’Avelon » (journal édité par l’Ecole Publique) sortait un numéro spécial pour annoncer fièrement « La commune de Aux Marais est née ».

Il fallut des années pour que chaque commune « prenne ses marques » et oublie les divisions anciennes. Les cérémonies officielles des 8 mai, 14 juillet et 11 novembre furent célébrées séparément pendant plus de vingt ans pour éviter aux habitants de se rencontrer.

 

Une bonne entente de nos jours

Après de nombreuses années de querelles suite à la séparation des deux communes, Aux Marais et Saint-Martin-le-Nœud travaillent aujourd’hui ensemble autour de nombreux projets communs.

 

Les maires depuis la création de la commune